BELFORT - Pourquoi j'aime le festival EntreVues

Publié le par Stéphanie R.

entrevues.jpgLoin des paillettes et des latitudes ensoleillées de Cannes,  EntreVues est un festival qui fait des choix exigeants:

- le lieu, tout d'abord: le Cinéma des Quais, Pathé, n'offre pas moins de quatorze salles dans d'anciens abattoirs réhabilités. Il se trouve au bord de la Savoureuse, à BELFORT, une ville franc-comtoise qui se mérite, à quatre heures de Paris, en train Corail.

- la période ensuite: deux semaines fin novembre et début décembre, ce qui implique frimas, voire neige, comme pour cette 25e édition. L'ambiance n'est pas au décolleté soyeux mais plutôt aux confortables trois pièces doudoune-écharpe-bonnet, y compris pour les soirées gala.

- un haut patronage: Janine et André Bazin sont à l'origine de sa création. La Cinémathèque Française et une équipe belfortaine le pérennisent. 

- sa compétition: elle privilégie les 1ers, 2èmes et 3èmes films, choisissant de mettre en lumière des cinéastes en devenir, en recherche, ceux qui tenteront, demain, de gravir sans encombre les marches sur tapis rouge. Fictions et documentaires, français et étrangers, sont présentés et récompensés par un jury professionnel, mais aussi par le public. L'avantage? On peut rencontrer ici les futures stars de demain. Abdellatif Kechiche, Sara Forestier et bien d'autres ont d'abord été salués par EntreVues.

- sa programmation parallèle concoctant des "thémas" qui feraient saliver un programmateur d'Arte:

Pour cette édition, la TRANSVERSALE c'était "PIRATAGE!", un joyeux pêle-mêle de films sur le thème de la piraterie, mais aussi de croisements, remakes et autres hybridations de réalisateurs pirates. Le choix est éclectique et l'on n'hésite pas à pratiquer avec grâce le grand écart esthétique de Point Break de Bigelow à Théorème de Pasolini, en passant par Les Profanateurs de Sépultures, réalisé par Don Siegel en pleine guerre froide, et sa version "années sida" signée Abel Ferrara, Body Snatchers.

Un HOMMAGE est aussi rendu chaque année. Des acteurs ont eu cet honneur tels Stéphane Audran, Béatrice Dalle, Denis Lavant... Des réalisateurs également: Barbet Schroeder par exemple. Cette année, on pouvait (re)voir toute la filmographie d'Abel Ferrara.

Par ailleurs, une rétrospective à l'intitulé québécois, JE ME SOUVIENS, propose de se pencher sur des oeuvres méconnues. Les festivaliers avaient ainsi fait la connaissance, il y a quelques années, des groupes Medvedkine de Besançon et Sochaux, des ouvriers qui, en 1968, avaient osé se saisir de caméras pour filmer leurs luttes et leurs conditions de travail. Un choc! Cette année, on pouvait découvrir les premiers films de Kira Mouratova, censurés par l'état soviétique jusqu'à la Perestroïka. 

Le JEUNE PUBLIC et tous ceux qui ont gardé leur âme d'enfant ne sont pas en reste. Ils pouvaient voir l'intégrale de PIC PIC ET ANDRE, des personnages farfelus et irrévérencieux mâtinés de Tex Avery.

Enfin, et cela fait et fera encore les délices de tous les collègues de l'option CINEMA AUDIOVISUEL, une rétrospective se tourne spécifiquement vers les mouvements et les oeuvres filmiques au programme du bac. Pour cette édition, REGARD SUR se penchait ainsi sur l'histoire du cinéma africain. Rencontrés sur le site, des professeurs et leurs classes venus de toute la France ont insisté sur la qualité et la pertinence des projections et des conférences proposées. Une idée de voyage pédagogique pour 2011?

Afin de se faire une idée sur cette programmation subversive qui tire dans les coins, un coup d'oeil au planning des séances suffit.

Alors, EntreVues, un paradis pour cinéphiles?

Oui, et ça là que le bât blesse. Si on échappe dans ce festival au désagréable côté "jet set" qui peut parfois régner ailleurs, on n'évite pas un certain snobisme et "parisianisme" qui s'insinuent de ci de là. Un délit d'initiés. Bien sûr, les rétrospectives ont tous les atouts pour séduire différentes types de spectateurs, avec des films tout public, justement, et d'autres plus pointus. Toutefois, la compétition reflète une certaine avant-garde. Résultat du visionnement de plus de 1 800 propositions, elle fait preuve d'une audace et d'une exigence parfois difficiles voire carrément obscures. On reconnaît ainsi une "patte EntreVues": un montage et une photographie "FEMIS", léchés, abstraits, complexes à outrance, une lenteur souvent pesante, des dialogues minimalistes, philosophiques ou abscons (je pense en particulier à FAMILY GALAXY et MOUSSEM LES MORTS). Cependant, pour qui s'accroche ardemment, cherche la perle, il y a toujours de quoi faire son miel. 

 

Place au palmarès: des noms dont vous entendrez forcément reparler...

Prix décernés par le jury de la compétition internationale


Tilva Rosh Nikola Lezaic (Serbie)
Grand prix du long métrage fiction 2010
Tilva Rosh

Let Each One Go Where He May Ben Russell (États-Unis)
Grand prix du long métrage documentaire 2010
Let Each One Go Where He May

Kurdish Lover Clarisse Hahn (France)
Prix du film français 2010
Kurdish Lover

Des rêves pour l'hiver Antoine Parouty (France)
Grand prix du court métrage fiction 2010
Des rêves pour l'hiver

Snack-bar Aquário Sergio Da Costa (Suisse)
Grand prix du court métrage documentaire 2010
Snack-bar Aquário

The Myth of the American Sleepover David Robert Mitchell (États-Unis)
Prix Janine Bazin 2010
The Myth of the American Sleepover

Prix One+One


Too Much Pussy ! Feminists Sluts In The Queer X Show Emilie Jouvet (France, Allemagne)
Prix One+One 2010
Too Much Pussy ! Feminists Sluts In The Queer X Show

Prix RED


Let Each One Go Where He May Ben Russell (États-Unis)
Grand prix du long métrage documentaire 2010
Let Each One Go Where He May

Prix décernés par le public


Tilva Rosh Nikola Lezaic (Serbie)
Grand prix du long métrage fiction 2010
Tilva Rosh

Diane Wellington Arnaud des Pallières (France)
Prix du court métrage fiction 2010
Diane Wellington

Kurdish Lover Clarisse Hahn (France)
Prix du film français 2010
Kurdish Lover

Prix Films en cours


La retraitée (Jairo Boisier)

Je publierai prochainement des critiques des films primés que j'ai eu l'occasion de découvrir.

To be continued...

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